Est-ce un cliché sexiste ou féministe d’affirmer que les femmes raffolent de la mode ? Magazines, émissions télé, blogs et maintenant chaînes YouTube font la part belle à la mode. Mais pas besoin d’y regarder de près pour remarquer que celle qui est à l’honneur est la mode pour femme. Alors que la majorité des créateurs sont des hommes, comment se fait-il que les créations soient surtout destinés aux femmes ?
La mode a-t-elle toujours été une histoire de femmes ?
Les différentes marques et les nombreuses études de marketing s’accordent sur un point : les femmes dépensent beaucoup plus que les hommes pour garnir leur garde-robe. Ainsi, dans les magasins, les rayons destinés aux femmes sont inéluctablement plus imposants que ceux réservés aux hommes. Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela n’a pas été toujours le cas. En effet, durant des siècles, plus précisément de la Renaissance à la Révolution Française, la mode était plus prisée par les hommes que par les femmes ! Néanmoins, la règle principale était de se vêtir en fonction de sa condition sociale. Ainsi, certains tissus et certaines couleurs étaient réservés à la noblesse. Mais accessoires, perruques et fards se portaient aussi bien par la gent masculine que féminine. La Révolution Française marque un tournant et bouleverse les codes. Une nouvelle inégalité vestimentaire est née. Elle n’est pas basée sur le statut mais sur le genre. La mode pour femmes et celle pour hommes prennent des trajectoires bien distinctes. Le costume sombre et austère s’impose comme l’habit masculin par excellence. À l’inverse, la mode féminine fait perdurer une touche créative et colorée. Les accessoires, la dentelle et les bijoux deviennent exclusivement réservés à la mode pour femme. La femme incarne ainsi la richesse et la réussite de son mari. Chapeaux extravagants, corsets souffre-douleur, talons hauts, jupons maintenus par des cercles en acier sont quelques-unes des pièces de la mode féminine d’alors. Une tenue inadéquate au possible pour travailler et qui permet à la femme d’affirmer une oisiveté totale.
Quand Chanel libère la femme
Les années 1920 ont permis à la mode pour femme de prendre un virage à 180 degrés. L’influence de Coco Chanel a permis de souffler un vent de liberté exceptionnel. Oubliés les corsets synonymes de souffrances extrêmes. Place à des vêtements plus légers, plus souples capables d’offrir aux femmes la possibilité de participer à des activités physiques. Les shorts d’été font leur apparition dans les années 30 et se révèlent bien plus pratiques que la jupe. Les femmes deviennent inévitablement plus libres de leurs mouvements. Puis le bikini débarque sur les plages dans les années 40. Le phénomène de dénudation du corps féminin est lancé avec ses avantages mais aussi ses inconvénients. Une image sensuelle, voire sexuelle, du corps de la femme est renvoyée par les médias. La perfection physique et la jeunesse éternelle sont désormais les diktats de la mode féminine. Des objectifs inatteignables permettant de pouvoir vendre en nombre de nouveaux produits de beauté. La génération baby-boom d’après-guerre entre dans une nouvelle ère dirigée par la société de consommation.